Le biathlon étant un sport d’extérieur, le risque climatique fait partie de la donne. Il arrive ainsi que faute de neige ou dans des conditions météorologiques particulièrement critiques certaines compétitions soient annulées ou globalement déplacées sur un autre site.
En Coupe du Monde lorsqu’une étape ne dispose pas a priori des garanties nécessaires pour l’ensemble des compétitions (un site correctement enneigé et des prévisions météo non défavorables), la décision doit être anticipée afin qu’une possibilité de repli soit étudiée : trouver un site de remplacement « prêt » àprendre la relève et offrant de meilleures conditions pour le déroulement des épreuves.
 

La dernière annulation de CdM remontait àdécembre 2011 : Le Grand-Bornand fut contraint de passer son tour (repris par Hochfilzen), faute de neige tombée suffisamment tôt (àquelques jours près) et surtout de possibilité d’en fabriquer àl’avance (douceur automnale).
En janvier 2016, c’est donc au tour du mythique site d’Oberhof de laisser sa place, victime de la grande et longue vague de douceur qui a frappé durant tout le mois de décembre une grande partie de l’Europe. Après 19 organisations réussies d’affilé - dans des conditions parfois extrêmes, et en ayant frôlé la catastrophe plus d’une fois - le CO d’Oberhof en déficit de neige a jeté l’éponge, découragé par les prévisions météo, usé par les difficiles expériences de certaines années passées, le tout face aux exigences accrues de l’IBU. C’est la 3ème annulation (reconnue) de Coupe du monde en Thuringe après celles de 1990 et 1993, et même la 4ème si on prend en compte la toute première du bon vieux temps de la RDA en 1983 alors qu’Oberhof n’avait encore jamais accueilli la CdM.
 

Historiquement la majorité des annulations a concerné la période la plus sensible du calendrier : le début de saison (tant que la neige n’est pas tombée…), au mois de décembre. Le doux mois de décembre est sorti du lot àtrois reprises pour avoir donné leur dose de sueurs froides àl’IBU et aux organisateurs locaux.

En 2000, faute de neige les trois premières étapes du programme furent successivement annulées (dans l’ordre Hochfilzen, Pokljuka et Brezno-Osrblie). Un seul site fut alors en mesure de reprendre l’organisation des CdM 1, 2 et 3 : Antholz-Anterserva. Comme quoi, en matière de neige et de températures, l’altitude a du bon ! Lors de cette saison 2000/2001 Anthloz organisa finalement 4 des 9 CdM, un record qui n’est pas près d’être battu !

Deux ans plus tard en 2002, on prit les mêmes et on recommença... ou presque : cette fois c’est Östersund qui assura les remplacements des malchanceux Hochfilzen et Pokljuka, seul Osrblie ayant réussi àsauver son organisation d’avant Noë l de justesse. (ça nous fait un total de 3 CdM disputées àÖstersund lors de la saison 2002/2003).

En 2006 les conditions n’étaient guère meilleures, mais les comités d’organisation étaient manifestement mieux armés ou un brin plus audacieux. Dans la douceur scandinave Östersund sauva la CdM d’ouverture grâce àson énorme dépôt de neige de conservation. C’était la toute première fois qu’un stock de neige passait l’été àl’abri dans les bois d’Östersund, « au cas ou » (avec en ligne de mire l’organisation des mondiaux 2008)… Voilàce qui s’appelle de la prévoyance ! Depuis, Östersund sauve « sa » 1ère étape pratiquement une année sur deux grâce àce précieux dépôt estival (c’est aussi pour cette raison que l’IBU leur confie désormais quasi-systématiquement la mission d’accueillir l’ouverture de la saison de coupe du monde).
Pour la CdM 2 la neige n’était pas plus au rendez-vous àHochfilzen. Mais l’époque où le petit village dans la vallée de Pillersee subissait les aléas climatiques sur son ancien stade et se trouvait contraint d’annuler est révolue. Depuis la modernisation des installations et l’organisation des championnats du monde 2005 Hochfilzen a changé de standing et démontré sa capacité àemployer les gros moyens : la neige pour faire les pistes fut descendue en camion du glacier du Grossglockner !
Pour la CdM 3, àOsrblie (en Slovaquie, un site assez vulnérable) il fut bien-sà»r impossible d’y produire le moindre flocon (ou de les empêcher de fondre, ce qui finalement revient au même). Et un 3ème échec (sur 8 organisations) en décembre pour Osrblie (celui de trop ? le site slovaque n’est en effet plus jamais revenu sur le circuit Coupe du Monde…). C’est Hochfilzen en pleine organisation de CdM 2 qui eut la délicate mission d’assurer la reprise de cette étape suivante, malgré le manque de neige. Le programme a d’ailleurs dà» être modifié par l’IBU, car la piste de 4 km n’était pas faisable (individuel homme remplacé par un sprint). La suite ? c’est [brun]>>[/brun] janvier 2007, Oberhof. << Une page de légende, la plus insolite et incroyable des Coupes du Monde, sur un site « enneigé » àrenfort de… glace pilée !
 
 

Annulations partielles

 

Tributaire de la météo, le maintien de l’organisation d’une étape ne garantit en rien le bon déroulement de celle-ci. Il arrive en effet que dans les limites du calendrier initial des épreuves ne puissent avoir lieu ou aller àleur terme.
Dans un passé récent on peut citer :

- Ã–stersund (01/12/2013), poursuites annulées pour cause de grand vent (le départ de l’épreuve féminine avait été donné malgré tout, puis vers la mi-course le jury décida d’arrêter les frais et... les biathlètes)

- Antholz (19/01/2014), le relais féminin ne put aller jusqu’au bout en raison de problèmes de visibilité au pas de tir (brouillard)

Un peu plus loin dans le temps, autre cause, conséquence analogue :
- Lake Placid (06/03/2001), une tempête de neige la nuit (très fortes chutes) a rendu la piste impraticable (exigeant d’importants travaux de remise en forme). Les sprints du jour n’ont donc pu être disputés. Sprints reprogrammés le lendemain, 7 mars, ce sont les poursuites prévues ce jour-làqui ont été annulées.

Evidemment le manque de neige reste le principal motif d’annulation, soit parce qu’il ny en a pas (ou pas assez), soit parce qu’elle a fondu : ce fut le cas en décembre 1987 àHochfilzen, où seuls les individuels avaient pu être disputés. Les fortes pluies qui suivirent ayant eu raison des pistes, les sprints et relais inscrits au programme passèrent dans la colonne « annulation ».

Suivant les possibilités, les épreuves annulées peuvent être reprogrammées lors d’étapes ultérieures en cours de saison. Aujourd’hui de telles modifications sont marginales en coupe du monde car les moyens mis en Å“uvre pour l’organisation et l’entretien des sites en cours de compétitions sont plus importants.
Autrefois, notamment sous l’ère de l’UIPMB, àcause de la météo et du manque de neige les chamboulements pour tenter de caser l’ensemble des épreuves prévues au calendrier n’étaient pas si rares (àune époque où bizarrement on ne parlait pas de « réchauffement climatique »...).

 

Championnats du Monde et annulation

Dans le cadre des Championnats du Monde, les annulations partielles posent bien plus de problème qu’en coupe du monde « ordinaire » car il est alors nécessaire de reprogrammer sans exception les épreuves non-disputées afin que les titres de champion(ne) du monde correspondants puissent être attribués.

1990 fut àce titre un cru assez remarquable : des Championnats du Monde disputés en 3 endroits différents ! C’est Minsk-Raubichi (Union Soviétique) qui avait en charge l’organisation des mondiaux début mars. Par manque de neige seuls les individuels avaient pu avoir lieu. La suite du programme fut transférée la semaine suivante lors de la CdM 5 d’Oslo-Holmenkollen : les "par équipes", sprint et relais. Le dernier relais (hommes), annulé en cours de course àcause du brouillard, fut finalement disputé àKontiolahti lors de la CdM 6.
En raison de cette « interférence » mondiaux-CdM, l’UIPMB décida de prendre exceptionnellement en compte les résultats des championnats du monde pour le classement de la coupe du monde (c’était une première). Cette idée d’intégrer championnats du monde (et JO) dans le classement général de la Coupe du Monde fut reprise et mise en application par l’IBU quelques années plus tard…

En 1999, les Championnats du Monde connurent également une belle série d’annulations.
Officiellement prévus àKontiolahti, ils n’ont en effet pu y être intégralement disputés (6/10 seulement). C’est encore une fois la météo qui dicta sa loi, non pas par la douceur et un quelquonque manque de neige, mais au contraire par le froid polaire sévissant au cÅ“ur de l’hiver en Scandinavie. L’organisation de ces mondiaux en fut terriblement perturbée (en dessous de - 20° C, le règlement de l’IBU n’autorise pas le départ d’une course). Les épreuves devaient s’étaler initialement du 6 au 14 février, mais il a fallu attendre patiemment que les températures remontent au dessus de la limite critique pour que ces championnats du monde puissent enfin démarrer. Le problème est qu’il ne restait plus que trois jours (du vendredi 12 au dimanche 14) pour trois courses possibles (fois deux, H et F). L’IBU adapta donc le programme en conséquence et choisit l’enchainement sprint, poursuite, relais. Les épreuves les plus longues annulées (individuels et départs en masse) ont été reprogrammées les 11 et 13 mars àHolmenkollen (qui recevait l’étape finale de CdM, le programme de cette dernière a dà» être remanié).
Ironiquement un an plus tard Holmenkollen organisa les championnats du monde, mais pas en totalité non plus : le dimanche 27 février le relais hommes (ultime course des mondiaux) ne put aller au bout et fut donc annulé en raison de problèmes de visibilité sur le pas de tir lors du 4ème relais. Délocalisé àLahti le 11 mars pendant la CdM 8 (le relais ordinaire figurant au programme initial changea donc de label).

 
 
Annulation (—> reprise)
 

2015/2016 : CdM 4 Oberhof/All (—> Ruhpolding/All)
 
2011/2012 : CdM 3 Le Grand-Bornand/Fra (—> Hochfilzen/Aut)
 
2008/2009 : CdM 3 Pokljuka/Slo (—> Hochfilzen/Aut)
 
2006/2007 : CdM 3 Osrblie/Slq (—> Hochfilzen/Aut)
 
2002/2003 : CdM 1 Hochfilzen/Aut (—> Östersund/Sue)
._________ CdM 2 Pokljuka/Slo (—> Östersund/Sue)
 
2000/2001 : CdM 1 Hochfilzen/Aut ( —> Antholz/Ita)
._________ CdM 2 Pokljuka/Slo ( —> Antholz/Ita)
._________ CdM 3 Osrblie/Slq ( —> Antholz/Ita)
 
1999/2000 : CdM 3 Osrblie/Slq (—> Pokljuka/Slo)
 
1994/1995 : CdM 2 Pokljuka/Slo (—> Bad Gastein/Aut)
 
1992/1993 : CdM 2 Oberhof/All (—> Ridnaun/Ita)
 
1991/1992 : CdM 5 Kokkola/Fin (—> Fagernes-Skrautval/Nor)
 
1989/1990 : CdM 4 Oberhof/All (—> Walchsee/Aut)
 
1986/1987 : CdM 1 Hochfilzen/Aut (—> Obertauern/Aut)
 
1982/1983 : CdM 2 Oberhof/RDA (—> Antholz/Ita)